Le 20 octobre 1952 le docteur Alain Bombard embarquait aux Canaries sur un canot pneumatique, sans eau ni nourriture, pour traverser l'Atlantique. Son but: expérimenter et valider ses théories sur la survie en mer.
Le 20 octobre 1952Alain Bombard, jeune médecin et biologiste, quitte les Canaries à bord d'un radeau pneumatique afin de traverser l'océan Atlantique, dans les conditions d'un naufragé. Il souhaite démontrer qu'un homme peut survivre sur un canot, si son moral est bon, sans eau ni nourriture, pendant plusieurs semaines et ceci grâce aux ressources de la mer. Après plus de soixante jours en mer, il atteint les côtes de la Barbade en décembre. Très amaigri mais vivant
Cet «aventurier scientifique» est obsédé par la survie en mer, depuis le choc ressenti lors de l'arrivée de quarante-trois corps de marins noyés en 1951, alors qu'il était interne à Boulogne-sur-Mer. Il recherche donc des solutions contre la soif et la faim. En réalisant des analyses et des expériences en laboratoire, Alain Bombard parvient à la conclusion que l'homme peut survivre en mer. Aussi afin de valider sa théorie, il décide de se mettre dans la situation d'un naufragé. Les sceptiques sont tellement nombreux qu'il nomme son radeau -un zodiac équipé d'une voile- l'Hérétique. Pour sa traversée il emporte un sextant pour la navigation, une presse à poisson pour extraire le jus, un filet à plancton et quelques lignes pour pêcher.
Son expérience et ses découvertes seront très utiles et salvatrices pour des générations de marins. Ce spécialiste des questions de survie en mer participe à la conception et au développement de canots de survie -il a laissé son nom à une gamme de bateaux- et parvient à faire adopter le radeau de sauvetage. Seule ombre au tableau, le drame de la barre d‘Étel: lors du test d'un nouveau canot de sauvetage en octobre 1958 neuf personnes périssent. Mais Alain Bombard fait également des recherches sur le milieu marin, grâce à son laboratoire, le Coryphène.Ce bateau effectue six campagnes en Méditerranée. Cet écologiste avant l'heure, qui œuvre pour la protection de l'environnement, s'éteint à l'hôpital de Toulon en 2005.
Lorsqu'il se lance dans son odyssée en 1952, seul un naufragé sur mille est sauvé. Grâce à lui la survie est devenue la règle.
Les clichés du voyage
Alain Bombard
Né le 27 octobre 1924 à Paris, docteur de médecine, Alain Bombard a été interne de 1949 à 1951 à l'hôpital de Boulogne-sur-Mer, où le secours aux naufragés l'a amené à s'intéresser aux questions de survie en mer.
Chercheur au Musée océanographique de Monaco en 1952, il décide de prouver qu'il est possible de survivre à bord d'un canot pneumatique, sans autre ressources que le plancton et l'eau de mer. Malgré les dangers de l'entreprise, il passera 64 jours cette année-là seul à bord d'un canot pneumatique, l"'Hérétique", sans vivres ni eau.
Cette traversée de l'Atlantique, entre Las Palmas (Canaries) et La Barbade, dans les Caraïbes, mettra sa santé à rude épreuve et il devra être hospitalisé. Le récit de cette aventure, "Naufragé volontaire", publié en 1958, lui a valu une renommée mondiale.
"En son temps, c'était une traversée extraordinaire, immense, parce qu'il n'y avait pas de moyens de communications et surtout (...) c'était une traversée qui était une démonstration d'une théorie qu'il avait que l'homme peut survivre avec l'océan", a souligné sur France Info le navigateur français Gérard d'Aboville, qui traversa le Pacifique à la rame en 1991.
La théorie d'Alain Bombard, rappelle-t-il, était "très controversée", "tellement controversée que son bateau s'appelait "L'Hérétique". "Son principe d'ailleurs n'était pas, contrairement à ce qu'on a pu dire, que l'on buvait de l'eau de mer, point. Terminé", a-t-il expliqué. "Il disait qu'en buvant de l'eau de mer dans une petite proportion, à peu près 30% d'eau (...), on peut retarder le moment où on va mourir de soif."
Alain Bombard, expliquait aussi qu'il "fallait boire de l'eau douce", notamment "de la pluie", et l'eau "des poissons qu'il pêchait et qu'il pressait tout simplement". "Et dans un poisson comme dans le corps humain, il y a beaucoup d'eau et de l'eau douce", a-t-il précisé.
Alain Bombard a par la suite créé un laboratoire marin, le Coryphène, pour l'étude de la physio-pathologie du marin (1959-1964), avant d'occuper les fonctions de délégué général du laboratoire de biologie marine-Observatoire de la mer (fondation océanographique Ricard) de 1967 à 1985.